Sur son site web, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé mentale comme : « un état de bien-être mental qui nous permet d’affronter les sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté. »
Ce site répertorie également dans une liste non exhaustive les risques liés à la santé mentale, que l'on appelle également risques psychosociaux :
- la sous-utilisation des compétences ou la sous-qualification ;
- la charge ou la cadence de travail excessives, le sous-effectif ;
- des horaires prolongés, rigides et incompatibles avec la vie sociale ;
- le manque d’influence sur la définition des tâches ou la charge de travail ;
- des conditions de travail dangereuses ou pénibles ;
- une culture organisationnelle qui permet des comportements inappropriés ;
- le manque de soutien par les collègues ou un encadrement autoritaire ;
- la violence, le harcèlement ou l’intimidation ;
- la discrimination et l’exclusion ;
- des fonctions mal définies ;
- la sous-promotion ou surpromotion ;
- l’insécurité de l’emploi, le salaire insuffisant ou le manque d’investissement dans l’évolution des carrières ;
- les conflits entre contraintes professionnelles et familiales.
Je peux faire un lien entre cette liste et la grande majorité des problèmes qui me sont rapportés par celles et ceux qui viennent me voir. Je peux même ajouter quelques risques supplémentaires :
- la perte de sens ;
- le manque de reconnaissance ;
- l’absence de communication claire et fluide dans la gestion du changement.
En 2022, parmi les personnes ayant demandé à rencontrer l'ombud, une sur cinq a en effet fait état de problèmes de santé mentale liés à ce qu'elle vivait au travail : troubles du sommeil, perte d'appétit, crises de larmes à répétition, ruminations enfermant ces personnes dans une spirale de pensées négatives.
Je leur suis très reconnaissante de m'avoir fait confiance et d'avoir accepté de parler de la situation à laquelle elles étaient confrontées. J'ai à tout le moins pu leur proposer une écoute active et faire preuve d'empathie. J'ai également pu apporter un point de vue extérieur sur la situation, ce qui les a aidées à prendre de la distance. Dans certains cas, lorsque j’étais inquiète, je les ai également invitées à se mettre en rapport avec les psychologues du CERN, qui peuvent proposer des consultations et donner un avis professionnel sur des questions liées à la santé mentale.
Les personnes qui viennent me voir savent que la conversation sera strictement confidentielle et restera entre les quatre murs de mon bureau, ou de ma salle en ligne personnelle si la rencontre a lieu à distance. Elles sont également assurées que, en tant qu’ombud, je resterai totalement neutre et impartiale.
La plupart du temps, celles et ceux qui viennent me voir savent ce qu’il faudrait faire pour résoudre un problème, mais hésitent quant à la marche à suivre. Discuter des solutions possibles permet à la personne concernée de prendre sa décision finale. Il ne s’agit pas pour l’ombud de l’influencer, mais de l'aider à mettre de l'ordre dans ses idées et ses projets.
Dans le cadre du projet « Bien dans son travail », lancé en 2017, une nouvelle campagne de prévention va démarrer cet automne : « Efficacité et bienveillance au travail ».
Catherine Vasey, psychologue et spécialiste de l'épuisement professionnel (burn-out), a ainsi été invitée à donner un séminaire le 6 octobre sur le thème de la prévention du burn-out dans un contexte professionnel particulièrement exigeant. Je vous recommande vivement de vous inscrire à ce séminaire depuis cette adresse.
Nous connaissons tous des hauts et des bas dans notre vie personnelle et professionnelle, et les bas sont parfois extrêmes, aboutissant à une situation de stress insupportable, à un épuisement professionnel ou à une dépression. Il est essentiel de demander de l’aide le plus tôt possible et l'ombud est là pour vous apporter un soutien.
Je me souviens d'un cours de communication que j'avais suivi lors de mes premières années au CERN, dans les années 1990. J'avais eu une discussion intéressante avec une ancienne collègue (Sudeshna Datta-Cockerill, qui, plus tard, deviendra l'ombud du CERN), qui avait eu cette réflexion : « C'est quand on pense qu’il n’y aucune aide possible qu’il FAUT impérativement trouver du soutien ».
Je vais également reprendre ici une conclusion de Vincent Vuillemin, lui aussi ancien ombud CERN, formulée dans cet article et qui est toujours d'actualité :
« Ne croyez jamais que votre cas serait trop trivial, venez. La plupart des gens désirent simplement faire part de leurs préoccupations, être écoutés avec empathie, et encouragés dans les voies qu’ils peuvent prendre pour gérer leur situation eux-mêmes. L’ombud vous redirigera également vers d’autres services où vous pourrez obtenir une aide professionnelle si vous en avez besoin. Ne restez pas isolés. Construisez un réseau de soutien avant qu’il ne soit trop tard. »
Laure Esteveny
J’aimerais connaître vos réactions et vos suggestions : rejoignez l’équipe Mattermost de l’ombud du CERN à l’adresse suivante : https://mattermost.web.cern.ch/cern-ombud/.
Pour en savoir plus sur le rôle de l’ombud au CERN et comment le contacter, rendez-vous sur https://ombuds.web.cern.ch/fr.