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Savoir fixer des limites aux autres et à soi-même

Nous avons tous des besoins et des limites qui nous sont propres. Ils sont constitutifs de notre personnalité, et peuvent varier avec le temps et le contexte de nos vies personnelles et professionnelles. 

Peter* est un collègue réservé et plutôt introverti, apprécié pour sa gentillesse et la qualité de son travail. Il ne dit jamais non lorsqu’on lui demande un service. Lorsque son superviseur lui confie de nouvelles tâches, qui s’ajoutent aux fonctions qu’il assume déjà avec difficulté, tant elles sont nombreuses, Peter accepte, sans oser parler des problèmes que cela lui pose. Il se sent angoissé et perd le sommeil, ce qui se ressent dans la qualité de son travail.

Tous les membres de l’équipe de Marie* ont énormément à faire pour remplir les objectifs collectifs fixés. Marie est exigeante mais donne elle-même beaucoup et sait reconnaître la qualité du travail fourni. Elle est fière de son équipe à qui elle n’hésite pas à demander toujours plus.  Parmi ses collègues, Elena* est souvent mise à contribution en cas d’urgence. Elena dit toujours oui et, a priori, a moins d’obligations familiales. Face à ces multiples et fréquentes demandes de Marie, Elena souffre d’anxiété et d’un sentiment de honte. Elle culpabilise aussi de ne pas savoir dire non alors que d’autres, dans l’équipe, n’ont pas de difficulté à fixer des limites à ce qu’on peut leur demander. 

Le manque de confiance en soi, le respect ou la crainte aveugle de la hiérarchie, la peur du conflit ou du jugement négatif, sont les raisons principales du manque d’assertivité au travail comme dans la vie privée. Nous sommes tous différents dans notre manière d’aborder le travail pour donner le meilleur de nous-mêmes et inégaux devant les difficultés ou les défis que nous rencontrons.

Il ne s’agit pas de refuser de sortir de sa zone de confort lorsqu’on nous le propose. La zone de confort est délimitée par nos compétences techniques et comportementales à un moment donné de notre carrière. Sortir de sa zone de confort est une expérience valorisante lorsqu’elle est accompagnée d’une formation, du soutien et du suivi nécessaires. Il s’agit de savoir dire non lorsque nous ressentons que nos limites, au moment où la demande est faite, sont atteintes, et que satisfaire cette demande contribuerait au déséquilibre que nous sentons se creuser entre bien-être au travail et charge de travail.

Les personnes qui n’arrivent pas à s’affirmer ont tendance à se sur-responsabiliser, à toujours accepter des tâches urgentes ou des services qu’elles ne devraient pas assumer ou dont l’accumulation déséquilibre leur bien-être au travail. Elles acceptent souvent de rendre ces services pour se sentir appréciées et valorisées. À cela peuvent s’ajouter une situation contractuelle peu stable ou des enjeux de carrière importants, qui leur font redouter de dire non.

Les conséquences, pour les personnes qui ne savent pas poser leurs limites, sont multiples : sentiment de culpabilité, perte d’estime de soi, troubles d’anxiété et surmenage. Comment peut-on continuer à garder motivation, efficacité et productivité au travail dans ce cas ?  

Il est important de se sentir responsable de son propre bien-être et de savoir dire non lorsque nos limites personnelles sont atteintes. Il est également important de savoir comment le dire. Lorsque nous refusons des demandes de manière trop brusque, véhémente et peu empathique, souvent par peur de ne pas pouvoir résister longtemps si l’autre insiste, nous prenons le risque de provoquer des réactions négatives, voire des conflits, ce qui nous conforte dans notre perception que dire non peut être dangereux. 

Pour apprendre à dire non, nous pouvons commencer par dire « Oui, si … ». « Oui je veux bien prendre en charge la gestion de ce groupe de travail, si par ailleurs tu me libères de cette autre réunion hebdomadaire. »  Ou encore « Oui, je peux tout à fait rester ce soir pour te rendre ce service, si tu peux confier cette autre tâche urgent à un collègue. »

L’assertivité est une attitude qui demande de trouver l’équilibre entre ses propres besoins et limites et ceux des autres. Elle consiste à verbaliser, de manière constructive et empathique, ses besoins et ses limites, ce qui n’est pas facile pour tous. Pour apprendre à dire « non », vous pouvez commencer par dire, lorsque vos limites sont atteintes, « Oui … si »
    

Laure Esteveny

*)   Les situations décrites sont réelles mais les prénoms sont fictifs

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