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Préserver sa motivation tout au long de la carrière

Andrew vient me voir pour me parler d'un problème. Après lui avoir rappelé les principes qui régissent activité de l'ombud - confidentialité, informalité, impartialité et indépendance - je l'invite à m'expliquer ce qui l'amène. Andrew commence par « Il ne me reste plus que 6 ans à travailler, alors je fais avec, mais... »

Le sujet que je voudrais développer aujourd'hui, ce n'est pas le problème qu'Andrew venait m'exposer, mais la lassitude et le manque de motivation qu'il exprimait 6 ans avant la retraite. Ce genre de propos de la part de mes visiteurs n'est pas rare. Or, j'aurais tendance à penser que six ans, et même un an, cela peut être très long si le travail n'a plus de sens et qu'on a perdu sa motivation.

D'après ce que me raconte Andrew, je me rends compte que sa motivation n'a pas disparu du jour au lendemain. C'est d'ailleurs rarement le cas. Tout a commencé avec les difficultés liées à un nouveau superviseur qui voulait tout contrôler. Difficultés que les deux intéressés n'ont pas réussi à surmonter ensemble. Ensuite, la demande de mobilité interne d'Andrew n'a pas abouti aussi rapidement qu'il l'espérait. Les compétences techniques d'Andrew avaient été reconnues, mais, au fil du temps, les projets intéressants étaient confiés à des collègues plus jeunes, qui avaient besoin de construire leur carrière, alors qu'Andrew était chargé de tâches opérationnelles plus routinières. Une promotion longuement espérée ne s'est pas matérialisée, ce qui lui a paru injuste. Au moment de l'entretien, Andrew pensait ne pas être apprécié à sa juste valeur, n'avait pas l'impression d'être intégré dans une équipe, et se sentait déconnecté de la mission du Laboratoire. 

Nombreux sont les facteurs de motivation au travail. Les plus importants sont :

la responsabilité, l'autonomie, et la capacité d'influencer les résultats. Ces éléments sont fondamentaux pour la motivation et  la satisfaction du personnel, et pour le bien-être au travail en général. La confiance manifestée à Andrew par l'Organisation, et la liberté qui lui est donnée de déterminer le meilleur moyen de réaliser ses objectifs, surtout si ceux-ci sont clairs, voilà des facteurs importants de sa motivation. Les difficultés avec son superviseur, et l'impossibilité de discuter du problème, ont porté le premier coup à la motivation d'Andrew.

D'autres sources de motivation sont des conditions de travail agréables et des relations fortes avec les collègues. Pour préserver la motivation de tous, il est essentiel d'instaurer sur le lieu de travail une culture de l'égalité de traitement et de la gestion de conflit efficace. 

La vie privée peut à certains moments imposer beaucoup de contraintes. C'est ce qu'a vécu Andrew à l'époque où il avait de jeunes enfants et, par la suite, quand il a rencontré des difficultés avec l'un de ses fils adolescents. Au même moment, la charge de travail s'était accrue, et Andrew s'est senti dépassé et peu soutenu par son superviseur. Sa motivation a souffert, parce qu'il n'arrivait plus à maintenir un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Et voilà, encore un peu de démotivation...

L'un des principaux facteurs de motivation est le développement continu des compétences. La capacité d'apprendre et de se développer joue un rôle essentiel tout au long de la carrière.  Lorsque les demandes de formation d'Andrew ont été considérées comme non prioritaires, sa motivation s'est un peu plus affaissée.

Une juste reconnaissance au travail est un élément important. Et il ne s'agit pas simplement de recevoir des remerciements.  La reconnaissance, cela peut signifier confier à Andrew des tâches qui correspondent à ses aptitudes et à son désir d'apprendre, à valoriser son investissement dans les projets, mais aussi, lui accorder des récompenses tangibles sous la forme d'une augmentation de salaire, d'une prime ou d'une promotion.  La rémunération n'est plus forcément la principale source de motivation au travail. Mais elle doit néanmoins être appropriée, au vu des compétences et de l'investissement de la personne, de son poste et de son ancienneté. 

Enfin, la motivation est renforcée par un superviseur attentif et ouvert à la participation. Un superviseur qui se montre disponible, dont la priorité est le développement des membres de son équipe et la mise en place d'un environnement harmonieux et psychologiquement sûr a déjà accompli une bonne partie du travail nécessaire pour que les membres de son équipe restent motivés et investis.

Garder un niveau de motivation élevé tout au long de votre carrière relève en grande partie de votre responsabilité. L'Organisation a mise en place en certain nombre de modules de développement pour vous aider à réfléchir à votre carrière et aux options que vous avez à tout moment dans le temps, par exemple le programme « Parlons carrière », qui est conçu pour être une expérience dynamisante.

Si vous avez l'impression que votre motivation n'est plus la même, quelle que soit la raison, ne vous résignez pas à la lassitude, à l'ennui ou à la frustration.   Il est peut-être temps d'aller en parler avec votre superviseur, votre conseiller en ressources humaines, ou avec l'ombud. S'agissant de votre carrière, c'est vous qui avez le rôle principal, mais d'autres peuvent vous aider.

Il y a beaucoup de facteurs de motivation ; la plupart sont intrinsèques, même si certains relèvent de la responsabilité des superviseurs et de l'Organisation.  Cependant, il est essentiel, pour le bien-être du personnel et le succès de l'Organisation, de nourrir et de cultiver la motivation tout au long de la carrière, jusqu'à la fin. 

*     Le nom et la situation sont fictifs.

Laure Esteveny

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