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Les dommages potentiels des plaintes anonymes

Il est très rare que je reçoive des plaintes ou accusations de comportement inapproprié ou répréhensible envoyées anonymement, mais cela peut arriver. Ces plaintes parviennent toujours via des courriels dont on ne peut retrouver l’auteur, au cas où on le souhaiterait.

Encouragés par un sentiment d’impunité, les victimes ou témoins supposés expriment souvent leur colère, leur frustration, leur indignation, leur envie ou leur animosité avec beaucoup de véhémence. Et comme les auteurs évitent de donner des détails qui pourraient permettre de les identifier, leurs propos sont généralement assez vagues.

Toutes sortes de situations peuvent se cacher derrière une plainte anonyme, y compris :

  • un collègue de bonne foi, réellement victime d’un agissement contraire au Code de conduite, comme du harcèlement, et qui craint tout particulièrement le risque de représailles, surtout si le problème implique un superviseur ou une personne haut placée dans la hiérarchie ;
  • une personne souhaitant faire du tort à l’un de ses collègues en lançant une enquête contre lui ;
  • une même personne visée par plusieurs plaintes anonymes dans un court laps de temps, ce qui peut laisser penser à une action concertée visant, pour une raison ou une autre, à nuire à sa carrière ;
  • quelqu’un qui trouve tout simplement amusant de lancer des accusations et de répandre des rumeurs.

Pour la personne visée, une plainte anonyme a une incidence beaucoup plus forte qu’une plainte dont l’auteur et les raisons sont connus. Face à une plainte anonyme, il est impossible de réagir, de se défendre ou, dans certains cas, de comprendre pourquoi une procédure administrative ou disciplinaire a été lancée. C’est extrêmement déstabilisant et cela peut même mettre la personne accusée en danger.

Personne ne peut répondre à des accusations sans savoir qui en est l’auteur et en n’ayant que de vagues indications sur les circonstances de ce qui lui est reproché.

De plus, la plainte anonyme empêche l’ombud d’aborder avec le plaignant sa crainte de représailles ni de comprendre sur quoi elle se fonde dans son environnement de travail. Le problème ne pourra pas non plus être pris en compte dans les tendances, entièrement anonymisées, qui sont portées à la connaissance de la Direction dans le cadre du rapport annuel de l’ombud.

Face à des plaintes anonymes, j’ai dû me pencher une nouvelle fois sur le rôle de l’ombud. Après avoir soigneusement pesé la question, j’en suis venue à la conclusion que je peux seulement prendre acte de ces plaintes, mais pas leur donner suite.

Je réponds donc aux auteurs anonymes en joignant une copie du mandat de l’ombud, pour leur rappeler que mon rôle est axé sur le règlement informel des conflits et expliquer pourquoi je ne peux donner suite à leur courriel. Je leur rappelle également que l’ombud du CERN est ce qui se rapproche le plus d’un mécanisme de signalement : en effet, l’ombud ne révèlera en aucun cas leur identité et ne fera rien sans leur autorisation. Je les invite également à venir me voir dans mon bureau afin qu’ils puissent me décrire la situation. S’ils ne veulent pas prendre le risque d’être vus dans mon bureau, je leur propose un rendez-vous sur Zoom.

L’ombud du CERN ne donnera pas suite aux plaintes anonymes. Si votre plainte ou accusation est de bonne foi et que vous craignez de possibles représailles, je vous encourage à contacter l’ombud à l’adresse ombud@cern.ch. Vous pourrez ainsi exposer le manquement au Code de conduite dont vous avez connaissance, tout en préservant votre anonymat.

Laure Esteveny

J’aimerais connaître vos réactions et vos suggestions : rejoignez l’équipe Mattermost de l’ombud du CERN à l’adresse suivante : https://mattermost.web.cern.ch/cern-ombud/.

Pour en savoir plus sur le rôle de l’ombud au CERN et les moyens de me contacter, rendez-vous sur https://ombuds.web.cern.ch/fr.