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De loup solitaire à leader inclusif (acte II)

Dans mon article précédent, nous avons rencontré Stefano*, leader expérimenté au CERN, se demandant si le style de management autoritaire qu'il manie depuis longtemps est toujours le bon style à adopter pour la suite de sa carrière, et, surtout, pour le bien-être de son équipe.

Nous avons suivi Stefano, alors qu’il réfléchit aux raisons qui l’amènent à prendre ses décisions de manière unilatérale. Il sait maintenant mieux pourquoi il est si réticent à l'idée de lâcher prise.

Dans ce deuxième acte, nous allons donner des pistes à Stefano pour qu’il ait une meilleure idée du type de leader qu'il voudrait être, à ce stade de sa carrière.

Il faut beaucoup de courage, d'efforts et de patience pour passer d'un loup solitaire à un leader inclusif. Pour cela, les membres de votre équipe et tous vos interlocuteurs doivent avoir une perception différente de vous. Voici de premières pistes pour vous aider à changer :

  • « Personne ne sait tout. » C'est vrai pour tout le monde, et donc aussi pour Stefano, et c'est tout à fait normal. Ce n'est qu'en faisant preuve d’humilité que Stefano sera prêt à entendre l'avis, le point de vue, l'expérience ou la contribution des autres. Au lieu de chercher à avoir toujours le dernier mot, Stefano aura beaucoup plus intérêt à se tourner vers son équipe en l’aidant à atteindre ses objectifs et en favorisant un esprit de collaboration.
  • Demander l'avis d'autres personnes n'est pas un signe de faiblesse. Stefano doit prendre conscience que sa manière de procéder n'est qu'une manière parmi d'autres. En recherchant des avis et un regard extérieurs et en s'ouvrant à d'autres points de vue, Stefano améliorera la qualité de l’information dont il dispose et augmentera par conséquent ses chances de réussite, sans que cela nuise à son autorité, bien au contraire.
  • Il peut être difficile pour Stefano, après un si long parcours au sein de l'Organisation, de continuer à s'intéresser à de nouvelles technologies, à de nouvelles perspectives, à de nouvelles personnes et à de nouveaux processus. Pourtant, en faisant preuve de curiosité, il pourrait certainement prendre de meilleures décisions, y compris stratégiques, ce qui pourrait même favoriser son avancement de carrière.
  • Enfin, quelle vision Stefano veut-il privilégier pour lui et son équipe : une vision à court terme ou une vision à long terme ? Prendre des décisions unilatérales sans réfléchir à leur impact à long terme peut avoir un impact négatif sur le moral d'une équipe. Il peut aussi en résulter une perte de connaissances institutionnelles et une baisse de la productivité.

Dans son ouvrage « L'entreprise sereine [1]», A. Edmondson repense le rôle du chef, celui que Stefano aimerait être, à l'aide du tableau suivant :

Schéma par défaut

Schéma reconsidéré

Le chef

A les réponses

Donne des orientations

Donne des ordres

Cherche à avoir l'avis des autres dans un souci de clarification et d'amélioration

Évalue la performance des autres

Crée les conditions d'un apprentissage continu en vue d'atteindre l'excellence

Les autres

Des subordonnés qui doivent faire ce qu'on leur dit de faire

Des collaborateurs ayant des connaissances et un regard précieux

En comprenant mieux les raisons qui l’amènent à gérer son équipe de façon autoritaire, et en ayant une vision claire du type de leader qu'il aimerait être, Stefano peut maintenant prendre des mesures concrètes pour changer. Nous en saurons davantage dans le prochain et dernier article sur ce sujet.

Laure Esteveny

* Prénom fictif

Cet article s'inspire d'un article intitulé « Becoming More Collaborative – When You Like to Be in Control », paru dans la Harvard Business Review, en mars 2023

J’aimerais connaître vos réactions et vos suggestions : rejoignez l’équipe Mattermost de l’ombud du CERN à l’adresse suivante : https://mattermost.web.cern.ch/cern-ombud/.

 

[1] Titre original : « The Fearless Organization »