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De loup solitaire à leader inclusif ( Acte I )

Stefano* a une longue expérience de leader. Son style de management est autoritaire et laisse peu de place aux prises de décision collaboratives. Stefano mène une carrière brillante depuis de nombreuses années, mais il se rend compte à présent que ses collaborateurs maîtrisent probablement mieux que lui les technologies les plus récentes et qu'ils peuvent faire preuve de tout autant d’ambition et d’assurance. Ayant de plus en plus de difficulté à imposer son style de management, il commence à craindre de ne plus être accepté en tant que chef. Et en effet, les membres de son équipe, qui supportent de moins en moins son style dominateur, commencent à réagir passivement en attendant qu'il soit remplacé.

Dans le présent article, et les deux prochains, je vous propose de découvrir les trois étapes du changement que pourrait accomplir Stefano pour réorienter son style de management, afin de s'appuyer sur les connaissances collectives et le discernement de son équipe au lieu de prendre les décisions unilatéralement.  

La première étape pour Stefano, s’il souhaite modifier son style de management et créer un environnement psychologiquement stable pour son équipe, serait de comprendre la raison pour laquelle il préfère prendre les décisions en solitaire.

  • Stefano a travaillé d’arrache-pied pour le CERN pendant de nombreuses années et a pris de nombreuses décisions difficiles, ce qui l’a conduit à son poste actuel. Parce qu'il a beaucoup d'expérience, Stefano a l'habitude de se fier à son instinct au moment de prendre une décision. Stefano ne se rend pas compte qu'en agissant ainsi, il se prive des contributions, des informations, des compétences et des perspectives différentes que pourraient lui apporter son équipe et d'autres parties prenantes.
  • Stefano doit réfléchir à l'impact de son style autoritaire sur ses collaborateurs. Prendre des décisions sans demander l'avis des autres envoie le message suivant : « Votre avis ne m'intéresse pas ». Les membres de l'équipe, tout comme Stefano, ont besoin de savoir qu'on leur fait confiance, et de se sentir valorisés, reconnus et utiles. En prenant des décisions seul, Stefano perd l'adhésion des membres de son équipe et la crédibilité que lui conférerait un processus décisionnel collaboratif.
  • Il se peut également que Stefano pense que sa position de chef l’autorise à prendre des décisions unilatérales. Ce sentiment est peut-être renforcé par des messages émanant de sa propre hiérarchie. Cependant, Stefano doit prendre du recul et se remettre en question. L'autorité liée au poste, à savoir l'autorité découlant uniquement de la position d'un individu dans l'Organisation, est faible. L'autorité la plus forte est celle qui résulte d'une gestion collaborative et de la reconnaissance de la valeur de chacun des membres d'une équipe diversifiée.
  • Enfin, Stefano est peut-être également trop confiant en sa capacité à prendre la bonne décision, ce qui arrive souvent lorsqu'on a mené une carrière brillante. Cependant, Stefano risque de surestimer ses capacités, ses connaissances et son jugement. Ignorer l'avis des autres pourrait amener Stefano à s’exposer à des risques inconsidérés et à prendre des décisions erronées et coûteuses.

Réfléchir à ces différents points pourrait aider Stefano à comprendre la raison pour laquelle il a besoin de tout maîtriser et il préfère prendre des décisions de manière unilatérale.

Dans notre prochain article, nous retrouverons Stefano alors qu’il cherche la meilleure façon de se repositionner en tant que leader.

Laure Esteveny

* Prénom fictif

Cet article s'inspire d'un article intitulé « Becoming More Collaborative – When You Like to Be in Control », paru dans la Harvard Business Review, en mars 2023

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