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Être une femme au CERN en 1990

Nous avons célébré mardi 8 mars la Journée internationale des femmes. C’est un plaisir pour moi de rédiger un article du coin de l'ombud à cette occasion.

Je travaille au CERN depuis 36 ans maintenant, et, croyez-moi, j’ai pu constater des avancées majeures en ce qui concerne l’environnement de travail des femmes.

Laissez-moi vous donner une idée du type de situations que pouvaient rencontrer les femmes au CERN en 1990. Je travaillais au CERN depuis quatre ans déjà comme ingénieure en informatique et je venais d’avoir mon premier enfant. J’ai demandé à ma hiérarchie si je pouvais bénéficier d’un mois de congé supplémentaire afin de pouvoir allaiter. La réponse a été sans appel : NON. J’ai donc dû me tourner vers mon médecin, qui m’a accordé un mois de congé maladie. Lorsque j’ai repris le travail, j’ai appris par mes collègues que ma hiérarchie avait considéré ma demande comme « très peu professionnelle ». 

Or,32 ans plus tard, voilà ce qu’on peut lire dans les Statut et Règlement du personnel (article R II 4.23) : « La durée du congé de maternité ne peut être inférieure à 16 semaines et est prolongée (...) de quatre semaines au maximum en cas d’allaitement ». Ce qui était considéré à l'époque comme une demande « très peu professionnelle » est à présent un droit pour les femmes au CERN.

Autre exemple de l’expérience que pouvaient vivre les femmes au CERN dans les années 1990 : un chef de division ne voyait aucun inconvénient à demander à sa secrétaire de sortir son chien pendant les heures de bureau si nécessaire. D’après le Code de conduite du CERN, qui est en vigueur depuis 2010, une telle demande serait considérée aujourd’hui comme non professionnelle et irrespectueuse.


Depuis 1913, la Journée internationale des femmes, officialisée depuis par l'Organisation des Nations Unies, est célébrée mondialement le 8 mars. Cette journée a été instaurée pour exprimer solidarité et soutien aux femmes, pour accélérer la parité et pour célébrer les réalisations des femmes. C’est l’occasion pour la communauté du CERN de revenir sur les avancées obtenues grâce à une concertation fructueuse entre la Direction et l’Association du personnel, et au soutien en ce sens de nos États membres. C’est également l’occasion de nous interroger sur les progrès qu’il reste à accomplir.


L’initiative 25 d’ici 2025 a été lancée en mars 2021 par le programme Diversité et Inclusion. Il s’agit d’une stratégie avalisée et pilotée par la Direction du CERN et qui a été spécifiquement intégrée aux objectifs stratégiques du CERN pour 2021-2025. Ce programme important, très bien accueilli, vise à augmenter la proportion de femmes au CERN. Nous espérons qu’il permettra également de favoriser un environnement de travail plus inclusif.

Deux fois plus de femmes que d’hommes rendent visite à l’ombud. Cette tendance est fonction de nombreux facteurs, qu’il faut tous prendre en compte dans l’analyse. Cela étant, quel que soit notre genre, demandons-nous si notre attitude envers les personnes d’un autre genre est respectueuse et exempte d’a priori, et si nous faisons tout notre possible pour que l'ensemble des membres de la communauté du CERN se sentent en sécurité et traités équitablement, dans tous les domaines d’activité de l’Organisation.

La communauté du CERN, actuelle et passée, peut être très fière des avancées du Laboratoire en faveur de l’égalité des sexes. Je souhaiterais toutefois rappeler cette citation de Simone de Beauvoir*, célèbre philosophe existentialiste, écrivaine, théoricienne de la société et militante féministe française : 
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » 

Carrefour de cultures, de métiers, de cerveaux, mais aussi de genres, le CERN est un environnement unique pour la promotion de la diversité, y compris la diversité de genre. La diversité est une responsabilité qui incombe à chaque personne. C’est aussi une valeur essentielle promue par le CERN. Veillons donc toutes et tous à poursuivre les avancées réalisées dans ce domaine.  

Vous trouverez peut-être intéressant de relire les publications toujours très pertinentes des précédents ombuds du CERN concernant la diversité de genre et les défis auxquels les femmes sont confrontées au travail. 

Laure Esteveny

J’attends vos réactions, n’hésitez pas à m’envoyer un message à ombud@cern.ch. De même, si vous avez des suggestions de sujets que vous aimeriez voir traiter, n’hésitez pas non plus à m’en proposer. 
 

NB : pour recevoir les publications, actualités et autres communications de l’ombud du CERN, inscrivez-vous à l’adresse suivante CERN Ombud news.
 

*) Simone de Beauvoir, Le Deuxième sexe, 1949