View in

English

“Women negotiate poorly, lack self-confidence and are risk-averse.” Really?

Ombud29.05

Cette idée reçue est souvent avancée pour expliquer le manque de parité hommes-femmes dans le monde des affaires. En vérité, les recherches récentes contredisent complètement ces préjugés. Les différences entre les sexes s’expliquent en réalité bien plus par un ensemble de pratiques et d’habitudes ancrées dans la culture des entreprises, que par les différences entre les hommes et les femmes. Des personnes mises dans des situations différentes réagissent tout simplement différemment.

Parmi les facteurs qui favorisent le succès dans l’entreprise, il y a l’accès aux réseaux d’information, la tolérance à l’erreur et la qualité du retour d’expérience. Toutefois, les études montrent que, dans la plupart des entreprises, les femmes sont moins bien loties que les hommes en la matière. Or n’importe quelle personne, homme ou femme, se comporte de façon plus prudente lorsque ses perspectives sont réduites. Mais il est plus facile de dire que les femmes réussissent moins bien dans l’entreprise…

Le fait que les femmes se voient offrir moins de possibilités de réseautage que les hommes réduit leurs chances dans les situations de négociation. Une étude cite l’exemple de Mary et Rick, qui occupent tous deux la même fonction dans une société de gestion financière. Rick fait partie du Conseil d’administration d’une autre société, ce qui lui donne accès à plus d’informations sur les possibilités de placement que Mary, qui n’a pas eu l’occasion de rencontrer des partenaires extérieurs de haut niveau.

Beaucoup d’études montrent que la tolérance à l’erreur est beaucoup plus faible pour les femmes que pour les hommes, et la sanction plus sévère. La moindre erreur est mise en exergue quand il s’agit d’une femme, alors que pour les hommes, les entreprises ont plutôt tendance à ne retenir que le côté positif de leurs agissements, en gommant les éventuelles erreurs. Dès lors, faut-il s’étonner que les femmes aient tendance à prendre moins de risques ?

Les femmes semblent bénéficier d’un retour d’expérience plus limité que les hommes, pour qui le « feedback » est plus franc et plus régulier. Il est donc moins facile pour elles de corriger le tir en cours de route, et cela peut leur réserver quelques surprises lors de l’entretien annuel de performance. Est-il étonnant alors que les femmes aient plus de mal à avoir confiance en elles ?

Pour remédier à ce déséquilibre, il faut avant tout que les entreprises en prennent conscience. Ensuite, il faut qu’elles identifient l’origine des différences de traitement entre les hommes et les femmes. Tout le monde s’attend à être traité de la même manière.

Pierre Gildemyn

 

Si vous souhaitez réagir à mes articles, n’hésitez pas à m’envoyer un message à Ombuds@cern.ch. De même, si vous avez des suggestions de sujets que je pourrais traiter, n’hésitez pas non plus à m’en proposer.

Note : cet article est un résumé de l’article paru dans la revue Harvard Business Review de mai-juin 2018.