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Vous êtes dans l’impasse ? Changez de point de vue !

Jeanne* vient d’être informée par sa hiérarchie qu’elle doit quitter son poste et ses responsabilités actuelles et démarrer un nouveau projet dans une autre unité, où elle endossera un rôle certes exigeant mais dépourvu de toute responsabilité managériale. Comme elle a fait du très bon travail à son poste actuel, que ses compétences managériales ont été largement reconnues et que, surtout, elle n’a pas eu son mot à dire dans cette décision, Jeanne a du mal à accepter la situation.

Elle s’interroge constamment sur les raisons de ce changement et s’inquiète beaucoup des répercussions qu’il pourrait avoir sur sa carrière. Sous le choc, elle se sent anxieuse et sans énergie. Par contrecoup, elle dort mal et a perdu toute motivation au travail. Elle doit trouver le moyen de faire face à sa nouvelle situation et recouvrer sérénité et confiance.

Qu’arrive-t-il à notre cerveau dans une telle situation ? Comment les émotions prennent-elles le dessus et que nous pouvons faire pour retrouver une impression de maîtrise ?

Notre cerveau aime la certitude et l’autonomie. Un futur qui semble incertain et l’impression de ne pas avoir le contrôle peuvent tous deux provoquer de fortes réactions du système limbique : ce sont les émotions, en l’occurrence négatives.

Dans notre exemple, Jeanne est confrontée à la fois à un sentiment d’incertitude face à l’avenir et à une relative perte d’autonomie. C’est la raison pour laquelle ses émotions négatives prennent le dessus et que sa santé commence à en pâtir.

Dans ce type de situation, il peut être tentant de refouler ses émotions, voire de les nier complètement. Non seulement cela ne fonctionne pas, mais cela contribue même à les renforcer.

À la place, Jeanne pourrait essayer d’identifier ses émotions en se demandant : « Qu’est-ce que je ressens exactement en ce moment ? » En effet, il est prouvé qu’identifier et reconnaître ses émotions quand elles surgissent permet de les atténuer. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Jeanne ne se sentira pas plus mal en faisant cela.

Un autre moyen très efficace pour faire face à une situation difficile consiste à la réévaluer, c’est-à-dire à modifier l’interprétation que nous en avons et qui est la cause de nos émotions négatives.

Il est en général recommandé de commencer par faire une pause, de respirer profondément et de prendre le temps de réfléchir. Il est ensuite possible de réévaluer une situation de différentes manières. C’est ce que nous allons voir dans le cas de Jeanne.

Réinterpréter la situation
Cela consiste à décider en toute conscience qu’une situation ne représente pas une menace. Dans le cas de Jeanne, il pourrait s’agir de voir dans ce nouveau poste l’occasion de déployer un autre éventail de compétences et d’aptitudes, qui seront autant d’atouts pour la suite de sa carrière. 

Banaliser la situation
Le changement est toujours difficile ; il est normal de se sentir désemparé et inquiet face à une situation nouvelle qu’on n’a pas forcément choisie. Quand Jeanne prendra conscience que ce qu’elle ressent est normal et même attendu, ses réactions émotionnelles diminueront d’elles-mêmes.

Réorganiser ses priorités
Chaque personne s’oriente dans la vie à l’aide de valeurs qui lui sont propres et auxquelles elle attache plus ou moins d’importance. En ce qui la concerne, Jeanne donne la priorité au bien-être de sa famille. Toutefois, il est aussi très important pour elle d’assumer des responsabilités managériales et d’exercer une influence à haut niveau. Vient ensuite l’enthousiasme qu’elle ressent devant des projets qui représentent un défi. Pour surmonter ses difficultés, Jeanne devrait peut-être envisager de reconsidérer l’importance de ces deux dernières valeurs, au moins pendant un temps, afin de trouver de la satisfaction dans son nouveau travail et de réduire ses émotions négatives.

Changer de perspective
Envisager la situation sous un autre angle est une autre manière très efficace d’atténuer ses émotions négatives et de passer du rejet à l’intérêt. Jeanne pourrait tenir compte du fait que ses compétences sont essentielles pour assurer le succès de sa nouvelle mission, et se concentrer sur la confiance que sa hiérarchie a choisi de lui accorder pour mener ce projet extrêmement délicat. Elle pourrait ainsi transformer ses émotions négatives en enthousiasme et retrouver sa tranquillité d’esprit.

Dans des situations difficiles, nous pouvons, dans une certaine mesure, contrôler la réaction de notre cerveau. Cela nécessite tout d’abord d’avoir conscience de nos émotions, de les identifier et d’appliquer des techniques de réévaluation efficace.

Vous êtes confronté à une situation épineuse et vous vous sentez submergé par vos émotions ? N’hésitez pas à venir en discuter au Bureau de l’ombud.

Pour en savoir plus sur le fonctionnement du cerveau et la gestion des émotions, je vous recommande chaudement l’excellent livre de David Rock, Votre cerveau au bureau.

*Le prénom et la situation sont fictifs.

Laure Esteveny

J’aimerais connaître vos réactions et vos suggestions : rejoignez l’équipe Mattermost de l’ombud du CERN à l’adresse suivante : https://mattermost.web.cern.ch/cern-ombud/.

Pour en savoir plus sur le rôle de l’ombud au CERN et les moyens de me contacter, rendez-vous sur https://ombuds.web.cern.ch/fr.