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Les huit cas d’école les plus fréquents dans le bureau de l’ombud

À ma demande, mon prédécesseur, Pierre Gildemyn, avait gentiment accepté de compiler ses données statistiques pour la période 2017-2020 afin de mettre en lumière quelles étaient les huit catégories de situations conflictuelles les plus souvent rapportées dans le bureau de l’ombud.

Voici, par ordre de fréquence, ces huit situations types, illustrées par un exemple* :

  1. Jane, jeune étudiante en doctorat, dépend du soutien de son directeur de thèse, senior respecté par ses pairs. Ce dernier abuse de la situation pour tenter de nouer une relation intime avec elle. Il est, au début, très avenant et lui apporte tout son soutien, de sorte que Jane ne voit rien venir, jusqu’à ce qu’elle découvre les véritables intentions de son directeur.

    Il s’agit d’un exemple de harcèlement sexuel, aggravé par la relation de pouvoir entre le directeur de thèse et l’étudiante.
     
  2. Paul a 20 ans de service au sein de l’Organisation. Quand Henry, un jeune collègue, rejoint l’équipe, Paul le dénigre systématiquement : il ne partage aucune information avec lui, ne l’invite pas aux réunions, et ne le mets pas en copie de ses e-mails.

    Quels que soient les motifs derrière ce comportement, il s’agit de harcèlement moral.
     
  3. Alexander était une référence technique dans son domaine, ce qui lui a permis d’obtenir un poste de superviseur d’équipe. Toutefois, les jeunes collègues de son équipe maîtrisent aujourd’hui mieux que lui les dernières technologies de son domaine. En réaction, Alexander se ferme aux nouvelles initiatives et à l’innovation, ce qui impacte l’efficacité de son équipe.

    Alexander est probablement conscient de l’obsolescence de ses compétences et il en souffre, mais en agissant de cette manière, sa supervision est inefficace.
     
  4. Louise s’est vue brutalement imposer un changement de fonction et de nouveaux objectifs – sans aucun préavis ou discussion préalable. Aucune discussion ne semble possible sur la décision de son superviseur. Louise a le sentiment d’être mise devant le fait accompli et d’être un pion dans un jeu qu’elle ne comprend pas.

    C’est un manque de respect pour la gestion des tâches et les objectifs de Louise, qui a pour conséquence pour elle une perte de motivation et de sens.
     
  5. Sonia et Igor travaillent ensemble dans le même bureau mais ils ne se parlent pas. Ils communiquent uniquement par e-mails et règlent leurs comptes via des plateformes de partage. En refusant de discuter face à face et d’aborder ouvertement le conflit qui les oppose, ils détériorent gravement leur environnement de travail et nuisent à leur performance ainsi qu’à celle de l’équipe.

    Il s’agit ici d’un problème de communication entre collègues qu’une médiation externe, éventuellement par l’ombud, pourrait aider à résoudre.
     
  6. Yvan ne partage pas l’information dont il dispose et dont sa collègue a besoin pour avancer. Mark considère que seuls ses collègues de même nationalité savent organiser le travail et que Simon, d’une autre nationalité, en est incapable. Juan et Morten, dont les cartes CERN sont bien visibles, agressent verbalement une jeune passante en ville. Samuel utilise la présentation PowerPoint d’une collègue sans mentionner qu’elle en est l’auteur.

    Ce sont des exemples de violations du Code de conduite du CERN. Peut-être pas très graves, elles conduisent toutefois à créer un environnement de travail délétère et hostile, ou nuisent à la réputation du Laboratoire.
     
  7. Laura est la chef de Peter. Elle lui reproche constamment de faire des « erreurs », met en doute ses compétences et a des exigences professionnelles déraisonnables. Les insultes et les dénigrements sont fréquents, tout comme la dévalorisation du travail de Peter. Lorsque Peter réagit, il reçoit en réponse des menaces de représailles à peine voilées.

    Laura se conduit comme un tyran** qui profite de sa position hiérarchique pour adopter un comportement inacceptable.
     
  8. Andrew et Marco sont les co-organisateurs d'une réunion de suivi d'un projet. Alors qu'Andrew bénéficie d'un poste permanent, Marco a un contrat de courte durée et a besoin de visibilité et de reconnaissance pour renforcer sa situation professionnelle. Pourtant, Andrew sabote systématiquement le travail de Marco afin de s'attribuer tout le mérite.

    Andrew se conduit aussi comme un tyran qui fait preuve d’autoritarisme sans position hiérarchique. Ce comportement est tout aussi inacceptable.

Ces huit catégories de problèmes, qui sont les plus souvent évoquées dans le bureau de l’ombud, sont différentes, et certains comportements sont beaucoup plus nocifs que d’autres. Toutefois, tous ces exemples ont en commun une violation du Code de conduite du CERN et reflètent des comportements intolérables.

Ne restez pas seul si vous rencontrez au travail des difficultés interpersonnelles : venez en parler avec l’ombud. Je vous guiderai sur l’interprétation et l’application du Code de conduite du CERN.

* Prénoms d’emprunt.

** Traduction française du terme anglais fréquemment rencontré : « bully ».

Laure Esteveny

N’hésitez pas à réagir à mes articles en m’envoyant un message à ombud@cern.ch. De même, si vous avez des suggestions de sujets que vous aimeriez voir traiter, n’hésitez pas non plus à m’en proposer.