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L'Humour aux temps du corona

Cela fait bientôt un an que nous vivons sous le régime de la pandémie, avec des hauts et des bas. Durant cette période, comme antidote à la morosité et à l’inquiétude, nous avons vu fleurir bon nombre d’échanges humoristiques, sur internet ou lors de nos rencontres. Peut-on rire de tout ? Alors que l’humour bien placé confère à son auteur un certain capital sympathie, l’humour mal placé peut avoir un effet désastreux, aussi bien sur l’assistance que pour son auteur.

Il y a plusieurs types d’humour, chacun avec ses avantages et ses limites. Voici quelques exemples :

Le sarcasme consiste à dire le contraire de ce que l’on pense. Ainsi on dira d’un piètre conducteur : « Tu pilotes comme Lewis Hamilton ! ». Le sarcasme bien utilisé provoque la réflexion et l’on dit qu’il favorise la créativité. Mal utilisé, il peut être blessant. Nous ne pouvons donc utiliser le sarcasme que lorsqu’il y a un niveau de confiance bien établi entre sa cible et nous.

Avec l’autodérision nous nous moquons de nos propres défauts. Un ancien président de la République française, connu pour la haute estime qu’il avait de lui-même, affirmait ainsi que : « Mon seul véritable concurrent sur la scène internationale, c’est Tintin ! ». L’autodérision fonctionne pour des défauts qui ne sont pas essentiels à la fonction professionnelle, mais c’est à proscrire quand il s’agit d’une compétence-clé.

L’esquive nous donne la possibilité de dévier les critiques. Un ancien président des États-Unis était, en pleine campagne électorale, sous le feu des critiques pour son âge et ses capacités mentales. En débat télévisé face à son adversaire, beaucoup plus jeune que lui, il devança le reproche : « Je ne ferai pas de l’âge un thème électoral. En effet, je ne compte pas profiter de votre jeunesse et de votre manque d’expérience pour avoir un avantage sur vous ! ». L’esquive peut atteindre son but, mais elle ne protège pas nécessairement contre une attaque ultérieure, il faut donc rester vigilant.

L’humour peut aider à faire face dans des situations difficiles. On relève dans les blocs opératoires de très hauts niveaux de stress, et il paraît que l’humour qui y circule pourrait parfois paraître cynique aux non-initiés. Ce genre d’humour, très attaché à une situation ou à un environnement, n’est à employer qu’en compagnie de personnes partageant la même expérience.

L’humour bien placé peut aider à faire passer beaucoup de choses. Son efficacité dépend cependant du contexte, de la culture, de la dynamique du groupe, voire de l’individu ou des individus à qui il s’adresse. Ne faites de l’humour que lorsque vous avez une connaissance suffisante du contexte dans lequel vous vous trouvez. Mal employé, il peut plomber l’atmosphère et se retourner contre vous ; bien amené, il apporte un peu de légèreté et de détente, tout à votre avantage !

Pierre Gildemyn

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