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L'effet de halo

Attribuer des étiquettes à ses collègues, qu'elles soient négatives (« halo négatif ») ou positives (« halo positif »), revient à les observer à travers un prisme qui colore toutes nos perceptions ainsi que celles de ceux qui nous entourent. Cette attitude encourage les préjugés, ce qui influence notre jugement et, indépendamment du fait qu'ils soient positifs ou négatifs, rend nos appréciations moins objectives. Aussi faut-il éviter d'apposer des étiquettes et garder notre esprit ouvert en toute circonstance.

Barbara vient d'accepter une offre de mobilité interne suite à un congé maladie. Elle est impatiente de commencer son nouveau travail et de rencontrer ses nouveaux collègues. Très rapidement cependant, elle a le sentiment d'être mise à l'écart ; elle réalise qu'on oublie régulièrement de l'inviter aux réunions. Résultat : elle n'a pas accès à toutes les informations dont elle aurait besoin pour mener à bien son travail. Barbara apprend par hasard que Sasha, son superviseur, ne souhaitait pas qu'elle rejoigne son équipe. Il a également demandé aux membres de l'équipe de limiter leurs échanges avec elle parce qu'« elle est très proche d'une personne qui travaille dans une expérience concurrente ». Elle comprend alors que ses collègues lui ont collé l'étiquette « non fiable » dès son arrivée au sein de l'équipe.

Il peut être très difficile de se débarrasser d'une telle étiquette, en particulier dans une organisation comme la nôtre, où les carrières se construisent sur le long terme et où l'origine de tels préjugés se perd rapidement et devient ainsi impossible à vérifier.

Barbara essaie de s'expliquer avec Sasha. Ce dernier nie avoir répandu la rumeur, mais se contredit en lui expliquant de ne pas s'étonner de la froideur de l'accueil car elle a été parachutée dans l'équipe sans son accord. Barbara décide alors de se concentrer sur son travail dans l'espoir de se faire une place au fil du temps. Malheureusement, malgré tous ses efforts, l'étiquette lui colle à la peau et elle ne réussit pas à établir de bonnes relations de travail avec Sasha ou les autres membres de l'équipe. Elle essaie d'aborder la question avec Luca, son chef de groupe, mais il refuse d'entrer en matière sous prétexte qu'il connaît Sasha depuis de nombreuses années et qu'il lui fait entièrement confiance.

En attribuant une étiquette positive au superviseur de Barbara, qu'il estime incapable de comportement discriminatoire, le chef de groupe ne fait qu'amplifier le problème au lieu de le résoudre.

Quelle que soit l'étiquette attribuée, l'incidence sur le long terme peut avoir de lourdes conséquences car notre objectivité peut être compromise par des idées préconçues et des préjugés. Lorsque ces préjugés se généralisent au-delà du simple individu et sont dirigés sur des groupes de personnes, ils peuvent conduire à différentes formes de discrimination, telles que le racisme et le sexisme, et mener à l'isolement physique ou culturel.

Même lorsqu'il est possible de remonter à leur origine, les préjugés devraient être confinés à un contexte ou un événement particulier ; tout le monde devrait avoir la possibilité d'évoluer au fil des ans sans se sentir jugé, que ce soit de façon positive ou négative, du fait d'une action passée. En effet, que l'on véhicule une image positive ou négative, nous pouvons tous parfois surprendre les autres par un acte inattendu ou paradoxal. Selon les circonstances, il faudrait récompenser ou condamner un tel comportement, de façon appropriée et en temps opportun, et veiller à ce qu’il ne déteigne pas sur nos actions futures.

Sudeshna Datta Cockerill​