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Avons-nous oublié le Code de conduite ?

Comme chaque année, l’Ombud écrit un rapport, à l’intention de toute la communauté du CERN, pour rendre compte des activités de l’année précédente. Ce rapport annuel est surtout une occasion de tirer des observations, des éclairages et, dans la mesure du possible, des enseignements. 

Je suis en train de le finaliser. En réfléchissant aux situations qui ont amené 151 collègues à contacter l’Ombud en 2022, je peux déjà faire un constat très simple, que je souhaite partager avec vous.

Au cœur de toutes les situations qui m’ont été décrites, se trouve une atteinte à notre Code de conduite. 

Rappelons-le, le Code de conduite a été mis en place au CERN en 2010 ; dans la foulée, le Directeur général de l’époque, Rolf Heuer, a créé la fonction d’ombud au sein de notre Laboratoire.

Ce Code a été élaboré par un processus partant de la base, basé sur les apports de nombreux groupes de travail à qui on avait demandé de réfléchir aux valeurs portées par l’Organisation. 

Les valeurs choisies furent l’engagement, le professionnalisme, la créativité, la diversité et l’intégrité, le tout basé sur une autre valeur essentielle : le respect de l’autre. Ces valeurs, ainsi que le Code de conduite, ont été largement acceptés et adoptés par la communauté du CERN.

Pourtant, dans les quelques exemples que voici, qui illustrent la diversité des situations rencontrées*, il est clair que le Code de conduite n’est pas été respecté :

  • Pour se rendre à son bureau, Jenna doit traverser un local technique où sont exposées des photos de femmes très peu vêtues. Jenna ne se sent pas en sécurité dans un tel environnement. Où est le respect de la diversité ?
  • Paul, un jeune chercheur récemment recruté, bénéficie d'un soutien minimal de la part de son superviseur, malgré ses demandes répétées. Il a désespérément besoin de soutien et de retour d'information, et se demande si c'est « normal au CERN ». Où est le professionnalisme du superviseur ? 
  • Jean, membre d'une équipe dont le planning est serré pour assurer sa mission, disparaît pendant des heures sans explication, arrive systématiquement en retard et part tôt. En conséquence, le reste de l'équipe doit compenser ses absences. Où est l ‘engagement ?
  • Simon, qui occupe le même poste et donne pleine satisfaction depuis 12 ans, perd sa motivation et son enthousiasme et souhaite changer de poste. Une autre unité lui propose un projet qui correspond à ses compétences et à son expérience et le motive vraiment. Mais comme aucun poste ne peut être ouvert dans l'autre unité, Simon est coincé. Un peu de créativité ne serait-elle pas utile ?
  • Elena a présenté ses travaux lors d’une conférence et se prépare à publier un article important pour sa carrière. Elle apprend qu’une autre personne est sur le point de publier un article qui reprend, presque point par point, les éléments novateurs de sa présentation. Elle est très inquiète d’une possibilité de plagiat. Si c’est effectivement le cas, n’est-ce pas ici la valeur intégrité qui est bafouée ? 

Avons-nous oublié le Code de conduite ? Je pense qu’il est important de rappeler son caractère essentiel. Si les valeurs du CERN sont respectées, un conflit est rarement destructeur. Il s’agit alors très souvent d’une différence de point de vue, d’une différence de besoins, de manque d’information, d’une saine confrontation d’idées. Ces conflits deviennent constructifs et peuvent être plus facilement résolus, en particulier avec l’aide de l’Ombud.

Rappelons-nous l’importance du Code de conduite. Nous avons tous un rôle à jouer pour sa bonne application, et nous avons tous à y gagner. 

Laure Esteveny

*) les noms sont purement fictifs

J’attends vos réactions : n’hésitez pas à m’envoyer un message à ombud@cern.ch. De même, si vous avez des suggestions de sujets que vous aimeriez voir traités, n’hésitez pas à m’en proposer. 
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