« Mon collègue a fait engager le fils et la nièce de son meilleur ami comme étudiant technique et étudiante d’été. » (Dimitri*, 31 ans)
« Ma chef de projet me demande de réaliser certaines opérations qui me poussent à la limite des règles de sécurité. » (Felix*, 32 ans)
« Mon chef m’interdit de partager le fruit de mon travail de documentation avec mes collègues. » (Jack*, 27 ans)
Le point commun entre tous ces exemples ? De jeunes collègues qui sont confrontés à des comportements inacceptables et contraires aux principes de fonctionnement de l’Organisation. Ils souhaiteraient pouvoir dénoncer des faits qui, s’ils sont avérés, pourraient mener à des mesures disciplinaires, mais ils craignent pour leur carrière. C’est la raison pour laquelle ils viennent me voir en toute confidentialité. Ils viennent des quatre coins de nos États membres, sont ingénieurs, physiciens, techniciens ou travaillent dans l’administration, et ils sont extrêmement motivés par le fait de travailler au CERN. Mais ils ont parfois découvert une réalité allant à l’encontre de leurs attentes, une réalité qui nuit à la réputation de l’Organisation. Cela reste heureusement des exceptions, mais chaque exemple est un exemple de trop.
Quand les personnes mises en cause ont, en plus, beaucoup d’années d’expérience au CERN, la déception est d’autant plus grande. Les jeunes attendent des aînés qu’ils donnent l’exemple, et de la hiérarchie qu’elle intervienne quand elle a connaissance des faits.
Je constate que de nombreux collègues du CERN, en particulier ceux de la jeune génération, ont beaucoup d’attentes face aux questions d’éthique. Ils n’acceptent pas les comportements qui, dans le passé, ont pu être parfois tolérés. De nombreux jeunes collègues sont critiques, ils n’acceptent pas le statu quo, et leur sens des responsabilités les pousse à venir me voir pour savoir comment agir.
Les nouveaux entrants ont certes moins d’expérience CERN, mais ils ont un regard neuf et sont souvent attachés à des valeurs d’éthique et d’honnêteté. Les jeunes sont la relève, ils sont notre avenir. Comprendre leurs attentes nous offre une nouvelle opportunité d’examiner la façon dont nous travaillons ensemble.
Si vous êtes témoin d’un comportement inadéquat, essayez dans un premier temps d’aborder le sujet avec la personne concernée. Si vous éprouvez des difficultés à aborder la situation et que vous avez besoin d’aide, adressez-vous à l’un des services de soutien du CERN.
*Nom d’emprunt
Pierre Gildemyn
Si vous souhaitez réagir à mes articles, n’hésitez pas à m’envoyer un message à Ombuds@cern.ch. De même, si vous avez des suggestions de sujets que je pourrais traiter, n’hésitez pas non plus à m’en proposer.