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Saboteurs de dialogue : comment les déjouer ?

Manuel* se sent mal à l’aise avec son superviseur Robert* depuis plusieurs mois, et il éprouve beaucoup de difficultés à avoir une conversation sereine et constructive. « Chaque fois que j’essaie d’entamer une discussion, j’ai l’impression de perdre mes moyens et d’être manipulé par lui. Je me sens impuissant, il est tout simplement trop fort pour moi. »

Robert utilise peut-être, consciemment ou inconsciemment, des mécanismes pour bloquer le dialogue, par manque d’assurance, par désintérêt, ayant d’autres priorités, qui sait ? 

Il y a plusieurs façons de bloquer le dialogue :

  • Mépriser son interlocuteur : « De toute façon, tu ne seras jamais un bon ingénieur. Je me demande d’ailleurs où tu as obtenu ton diplôme ».
  • Se perdre dans les détails : entamer un long monologue durant lequel Robert mentionnera tous les manquements de Manuel, en commençant déjà par énumérer toutes les raisons pour lesquelles il hésitait à l’engager, etc.
  • Rester sur un plan purement rationnel : « Si tu as trop de travail, fais un planning avec tes priorités et des délais précis ». 
  • Verser dans l’émotionnel : « Quoique je fasse, tu n’es jamais satisfait et tu reviens toujours à la charge, c’est insupportable ! ».
  • Se lancer dans des généralités : « De toute façon, au CERN, rien ne se fait comme ailleurs ».

Quand vous êtes face à un interlocuteur de mauvaise foi comme Robert, que pouvez-vous faire ? 

  • Déjà, avant de demander un rendez-vous, déterminez pour vous-même avec précision ce que vous attendez de la conversation : plus de ressources, de l’attention, lui faire comprendre votre situation ? Préparez quelques questions-clés auxquelles vous devez absolument avoir une réponse et ne partez pas sans les avoir obtenues. Même si la réaction n’est pas dans le sens que vous attendiez, mieux vaut une réponse négative qu’une réponse vague. 
  • Sachez ensuite reconnaître les mécanismes de sabotage du dialogue, et ne tombez pas dans le piège : « Robert, j’entends bien ce que tu me dis, je suis tout disposé à en discuter une autre fois, mais maintenant je souhaiterais revenir au sujet de notre conversation. »
  • Focalisez la discussion sur la situation, non sur la personne : « Il ne s’agit pas d’un conflit personnel entre nous, mon problème est que… ».
  • Ne venez pas en accusateur (« Tu n’as jamais de temps pour moi »), mais verbalisez vos attentes (« J’ai besoin de pouvoir t’exposer mon problème »).

Si, malgré toutes vos tentatives, vous avez toujours le sentiment d’avoir à faire à plus forte partie, demandez de l’aide à une tierce personne neutre, telle que l’ombud, pour faciliter le dialogue entre vous.

*Nom d’emprunt

Pierre Gildemyn

Si vous souhaitez réagir à mes articles, n’hésitez pas à m’envoyer un message à Ombuds@cern.ch. De même, si vous avez des suggestions de sujets que je pourrais traiter, n’hésitez pas non plus à m’en proposer.