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Micro-agressions : réagir ou laisser passer ?

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Le pot d’adieu de Tom avait bien débuté, et après quelques verres, tout le monde était d’excellente humeur. Emporté par cette ambiance festive, Fulvio lança à sa collègue : « Et alors, Birgit, quand vas-tu enfin te décider à changer de garde-robe ? ». Birgit hésita un moment, ne sachant si elle devait répliquer. Mais, ne voulant pas détériorer l’ambiance, elle s’abstint et rit, un peu gênée. Au fil de la soirée, elle n’y pensa plus, mais, une fois rentrée chez elle, le sentiment de malaise resurgit, et elle décida de revenir sur l’incident le lendemain avec Fulvio. Le jour d’après, elle le prit à part et lui dit posément : « Fulvio, je comprends bien que tu n’avais pas l’intention de me blesser, mais sache quand même que j’ai trouvé ta remarque très inappropriée, et j’apprécierais que cela ne se reproduise plus.» Fulvio réalisera probablement sa maladresse et présentera ses excuses. Il était important que Birgit lui en ait parlé.

N’avez-vous jamais comme Birgit fait l’objet d’une remarque ou d’un geste apparemment innocent, mais qui vous a laissé dans le doute ? Vous vous dites : « Et si je faisais des histoires pour rien ? Après tout, il ne faut pas que j’attire l’attention sur moi. C’est sûrement moi qui provoque ces remarques. ». Le problème avec les micro-agressions, comme on les appelle, c’est qu’elles semblent anodines et sans intention de nuire. En réalité, elles peuvent vous heurter quand vous en êtes l’objet. Quand bien même leur auteur n’avait aucune intention de vous blesser, le fait même que vous ayez perçu une micro-agression justifie une réaction de votre part le plus vite possible. Une attitude que vous ressentez comme dévalorisante à votre égard peut graduellement en entraîner d’autres si vous ne mettez pas fin immédiatement et fermement à la spirale perverse.

Si vous hésitez quant à la conduite appropriée à suivre, ne restez pas seul avec vos interrogations. Parlez-en à une personne neutre en qui vous avez confiance, par exemple l’ombud. 

Si vous désirez réagir à mes articles, n’hésitez pas à m’envoyer un message à Ombuds@cern.ch. Si vous avez des suggestions de sujets que je pourrai traiter, n’hésitez pas à m’en proposer.

Pierre Gildemyn