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Le harcèlement au travail

« Faites chauffer une casserole d'eau à haute température. Essayez d'y plonger une grenouille vivante : la grenouille s'échappe d'un bond. Renouvelez l'expérience dans de l'eau froide, qui est ensuite chauffée progressivement jusqu'à ébullition : la grenouille n'essaie jamais de s'échapper. Elle meurt ébouillantée. »

Cette parabole, utilisée dans un livre intitulé « The Bully at Work », illustre la nature insidieuse du harcèlement moral au travail et ses répercussions sur l'environnement et les personnes concernées. Le harcèlement au travail se caractérise par des actes d'intimidation et des mauvais traitements répétés ciblant un ou plusieurs individus, qui peuvent revêtir de nombreuses formes, entre autres : exclusion, ingérence dans le travail d'une personne voire sabotage délibéré de son travail, menaces ou intimidations, violence verbale.

Certains actes de harcèlement sont très visibles, tels que les critiques publiques, le fait de propager des rumeurs ou des insinuations, les injures ou, de manière générale, les remarques discriminatoires ou offensantes. D'autres nuisent au travail de manière plus subtile, à l'instar de la rétention d'informations ou de ressources, de l'assignation d'objectifs irréalisables, de la modification incessante des consignes de travail, du refus systématique des demandes de formation, de la mise à l'écart d'une ou de plusieurs personnes ou encore de la sous-évaluation de leurs contributions.

Le harcèlement suit un modèle d'actions répétitif, qui mine les personnes visées à tel point que celles-ci ne sont plus capables d'être efficaces dans leur travail, engendrant une baisse de moral et de productivité négative pour la santé et le bien-être de toute l'équipe. Souvent, le problème sous-jacent est un manque de respect ou d'intérêt à l'égard de la personne ou de l'environnement concerné. Toutefois, il ne faut pas confondre avec des actes de harcèlement les divergences d'opinion, les commentaires constructifs ou encore les mesures de gestion reposant sur des faits, qui sont motivés par une intention de conseiller, de guider ou de rétablir la performance.

Les personnes visées par le harcèlement au travail ne se rendent pas toujours immédiatement compte de ce qui leur arrive : souvent, elles remettent plutôt en question leur propre compréhension de la situation, et doutent même parfois de leurs compétences, entrant alors sans s'en apercevoir dans un cercle vicieux dont il est extrêmement difficile de sortir.

Il est donc très important, si vous pensez être victime de harcèlement, de réagir rapidement afin de remédier à cette situation, soit vous-même, soit avec l'aide de vos supérieurs, de votre HRA ou de l'ombud, en identifiant clairement les comportements inacceptables et en demandant qu'ils cessent.

Si les procédures informelles, telles que la médiation ou les interventions directes, paraissent inappropriées ou insuffisantes, il sera peut-être nécessaire de recourir à des mesures formelles. Pour ce faire, il est important de tenir un journal factuel des actes de harcèlement au quotidien, en mentionnant la date et l'heure, les courriels impliqués, le nom d'éventuels témoins et la description détaillée des faits, car ce ne sont pas seulement les actes, mais également leur nombre, leur fréquence ainsi que la manière dont ils se répètent qui aideront à déterminer s'il s'agit effectivement de harcèlement, et à trouver une solution.

La Circulaire opérationnelle n° 9 du CERN définit le harcèlement comme un comportement « importun portant atteinte à la dignité de la personne et/ou créant un environnement de travail hostile [...] [,] contraire aux principes d'égalité des chances, de non-discrimination et de respect mutuel [et qui] nuit à la santé et la sécurité sur le lieu de travail, ainsi qu’à la bonne marche de l’Organisation dans son ensemble ». Elle établit également les mesures à prendre ainsi que les procédures de résolution des cas de harcèlement.

Sudeshna Datta-Cockerill