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Perdu dans le mille-feuille hiérarchique

Lorsqu'une personne gère un projet faisant partie des activités d'une équipe au sein d'un groupe plus large, lui-même divisé en plusieurs sections, l'information sur qui a réellement fait quoi risque fort de se perdre dans le mille-feuille hiérarchique. Dans les grandes organisations comme le CERN, les cadres intermédiaires, à savoir les chefs de section et les chefs de groupe, jouent un rôle clé dans la mise en place d'un environnement professionnel sain où le travail est porté au crédit de ceux qui l'ont réellement effectué et où les multiples niveaux hiérarchiques sont correctement informés des compétences et des performances de leur personnel. Toutefois, il semble parfois que les détails n’atteignent pas le niveau supérieur de la hiérarchie, qui se satisfait des résultats généraux sans chercher à en savoir plus ou à vérifier que le travail est mis au crédit des bonnes personnes.

Sergueï est responsable d'un important projet qui a récemment été transféré dans une section nouvellement créée. Il explique ses travaux à son nouveau chef et le tient au courant de ses progrès lors de réunions hebdomadaires, lui permettant ainsi d'informer à son tour le niveau supérieur de la hiérarchie. Quelques mois plus tard, Sergueï assiste à une réunion portant sur une question ayant un rapport avec ses travaux. Ses résultats sont cités, mais il réalise avec surprise que le chef de son département ne sait pas que sa contribution a été déterminante pour le projet.

À quel moment l'information s’est-elle perdue ? Parfois, malgré de nombreuses réunions et possibilités de discussions (ou peut-être justement à cause d'elles ?), les informations les plus importantes ont du mal à atteindre les différents niveaux hiérarchiques. Ce peut être dû à une simple défaillance du flux de l'information comme, par exemple, lorsque la structure du Laboratoire change et que les nouveaux supérieurs hiérarchiques ne disposent pas de l'historique complet du projet ou que, suite à un oubli, certains éléments ont été omis. Dans le scénario du pire, toutefois, il se peut que quelqu'un, le long de la chaîne d'information, omette sciemment de reconnaître le travail d'un collègue ou même, s'en accorde le crédit. Dans les deux cas, qu'il s'agisse d'un oubli involontaire ou intentionnel, ce genre de situation peut avoir des conséquences importantes et durables pour les personnes concernées, en donnant une vue incomplète et inexacte de leurs réalisations et de leur carrière professionnelle.

Après quelques hésitations, Sergueï décide de faire part de son inquiétude au chef de son département, qui le remercie de lui avoir signalé le problème et profite de la réunion suivante des membres de son équipe pour vérifier la structure hiérarchique du département et rappeler aussi à chacun ses responsabilités à cet égard.

Tout le monde sait que reconnaître à juste titre le travail effectué favorise la motivation et l'engagement du personnel. En veillant à ce que cette reconnaissance ne s'égare pas dans le mille-feuille hiérarchique, nous préservons les valeurs d'intégrité et de professionnalisme chères au CERN.