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Ma propre visite à l'ombud du CERN

Je me demandais quel pourrait être mon premier mot de l'ombud, étant donné que je n'ai pris cette fonction que récemment. J'ai pensé que partager avec vous ma propre visite à l'ombud serait un bon début.

J'ai contacté l’ombud il y a de nombreuses années, alors que je me trouvais dans une situation légèrement conflictuelle, qui avait tendance à persister. Ce n'était pas grave, mais c'était vraiment un problème pour moi. Mes années d'expérience au Laboratoire, face à diverses situations, n'aidaient pas vraiment, car tout au long de sa carrière, on est souvent confronté à de nouveaux défis interpersonnels.

J'ai réfléchi attentivement à l’origine du conflit et à ce que je pouvais faire pour le résoudre, mais il n’en devenait que plus présent ; c’était devenu un défi constant. J'étais en colère, nerveuse et j'en avais assez.

Un jour, après un échange particulièrement tendu, j'ai décidé que j'avais besoin de conseils et j'ai contacté l’ombud. J'ai obtenu rapidement un rendez-vous.

Les premiers mots de l’ombud ont été de me rappeler ces quatre principes qui s’appliquent dans ce bureau :

Confidentialité : Très souvent évoquée mais difficile à obtenir au sein du Laboratoire. Pourtant, j'avais pleinement confiance dans le fait que ce serait le cas avec l’Ombud.

Indépendance : l’absence de toute forme d'influence et de conflit d'intérêts. J'avais confiance en l'indépendance de mon interlocuteur, assurée par un lien hiérarchique direct avec le directeur général.

Impartialité : l'absence de jugement et le fait de ne pas prendre parti. J’étais moins confortable avec ce principe, car chacun a une tendance naturelle à vouloir gagner la sympathie de son interlocuteur. Cependant, j'ai réalisé que l’ombud offre de l'empathie, mais pas de la sympathie. L'empathie consiste à comprendre les sentiments d'une autre personne sans nécessairement les partager. La sympathie, et notamment le fait de partager les mêmes sentiments, peut venir d’un collègue, mais pas de l’ombud.

Caractère informel : un principe nouveau pour moi. Cela signifiait que je restais maître de la situation, qu'aucune action ne serait entreprise sans mon accord. Je pouvais utiliser mes propres mots, décrire les faits dont j'avais connaissance, ou ce que je craignais avoir fait, et cela resterait strictement entre l’ombud et moi et ne déclencherait aucun processus.

L’ombud a alors demandé, en m'accordant toute son attention : « Alors dites-moi, qu'est-ce qui vous amène dans ce bureau ? »

À ma grande surprise, l’ombud n'était pas intéressé par une analyse complète et détaillée de ma situation. Ses questions étaient plutôt les suivantes : « Comment vous sentez-vous par rapport à cette situation, quel est l'impact de ce conflit sur votre travail ou votre vie personnelle ? Comment vous sentiriez-vous si le problème était résolu ? Comment pensez-vous que l'autre personne se sent dans cette situation ? »

Cela a déclenché quelques réflexions...

L’ombud a poursuivi : « Qu'avez-vous tenté jusqu'à présent pour résoudre le problème ? Quelles sont les options dont vous disposez ? Quels sont leurs avantages et leurs inconvénients ? Comment pensez-vous que l'autre personne va réagir ? De quoi avez-vous besoin aujourd'hui pour aller de l'avant ? »

Cela m'a incitée à considérer le problème sous un angle différent...

L’ombud a conclu la discussion en me demandant quelles seraient les prochaines étapes, une fois que j’aurai quitté son bureau, et m'a suggéré de revenir le voir pour discuter des progrès accomplis. Il m'a également proposé d’organiser une médiation avec l'autre personne, si nous étions tous deux disposés à régler le conflit, de bonne foi.

Lorsque j'ai quitté le bureau, je n'avais pas de solution toute faite, mais une vision beaucoup plus équilibrée et objective de la situation, et des idées beaucoup plus claires sur la façon dont je pouvais aller de l'avant.

Quel que soit le problème auquel vous devez faire face, une discussion avec l'ombud vaut la peine d'être menée. Et n'oubliez pas que le bureau de l'ombud est un endroit sûr, et que l’ombud est là pour vous aider !

Laure Esteveny

Si vous souhaitez réagir à mes articles, n’hésitez pas à m’envoyer un message à ombud@cern.ch. De même, si vous avez des suggestions de sujets que je pourrais traiter, n’hésitez pas non plus à m’en proposer.