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Savoir aborder les sujets qui fâchent

Dan* est en charge de l’un des robots de l’atelier. Vous êtes son superviseur et vous soupçonnez un taux de mise au rebut bien plus élevé que d’habitude quand c’est lui qui est aux commandes. Vous avez vérifié le registre des opérations et vos soupçons ont été confirmés. Vous pourriez attendre que cela passe, mais vous avez décidé de tirer cela au clair avec lui. 

Ce n’est jamais agréable d’aborder des sujets qui fâchent… Vous avez le courage de le faire, alors comment pouvez-vous vous préparer à cet entretien difficile ? En portant respectueusement votre attention sur les faits, sur le message que vous souhaitez faire passer, et sur la solution envisagée, votre conversation peut aboutir à des résultats positifs pour tous.

Les faits.

Assurez-vous avant toute chose de vous être basé sur des faits avérés, et non sur des soupçons ou des rumeurs. Il y va de votre crédibilité en tant que superviseur. C’est ce que vous avez fait en consultant le registre de l’atelier.

À qui en parler ?

Adressez-vous directement à Dan, et uniquement à lui. N’en parlez à personne d’autre si ce n’est pas nécessaire à ce stade. Dans le cas contraire, assurez-vous d’en parler d’abord à Dan avant de vous entretenir avec quiconque. 

Le message.

Ne vous prenez pas les pieds dans le tapis avec un préambule sinueux et compliqué. Annoncez la couleur dès le départ, mais sans accusation : « Dan, j’ai demandé à te voir car j’ai constaté un taux de mise au rebus anormalement élevé quand tu es aux commandes du robot, et je voulais t’en parler. Je voudrais que nous examinions ensemble l’origine du problème. »

La solution.

Résistez à la tentation de la solution immédiate : « Puisque tu n’es pas capable de programmer l’équipement correctement, c’est moi qui m’en chargerai dorénavant. » Au contraire, laissez à votre interlocuteur la possibilité d’identifier la source du problème et d’y remédier. Écoutez ses propositions et, éventuellement, mettez-le sur la bonne piste. Ainsi, il ne refera plus les mêmes erreurs.

Le timing.

Je sais que nous sommes tous très occupés, mais assurez-vous de prévoir une plage horaire suffisante pour discuter de tous les aspects du problème à tête reposée. Ici, le taux élevé de mise au rebut n’est peut-être que la partie visible de l’iceberg ; c’est l’occasion ou jamais d’explorer toutes les facettes du problème. Gardez aussi à l’esprit que Dan aura peut-être besoin de temps pour prendre conscience de ses erreurs ; n’espérez pas régler le problème sur-le-champ.

Le respect.

Lors de votre discussion, ne faites pas d’amalgame entre les compétences de votre interlocuteur et les faits. Lui asséner : « Je crois que tu n’as pas les compétences requises pour travailler à ce poste » ne mènera nulle part. Restez-en aux faits (statistiques, périodes d’activité, etc.) et demandez-lui simplement de vous fournir des explications.

Si vous avez besoin de conseils et de soutien pour mener des discussions difficiles, adressez-vous à votre hiérarchie. Sinon, n’hésitez pas à faire appel aux structures de soutien mises en place par le CERN !

*Nom d’emprunt

Pierre Gildemyn

Si vous souhaitez réagir à mes articles, n’hésitez pas à m’envoyer un message à Ombuds@cern.ch. De même, si vous avez des suggestions de sujets que je pourrais traiter, n’hésitez pas non plus à m’en proposer.