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Le stress, ce phénomène contagieux

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« Mon superviseur s’énerve de plus en plus, il s’emporte contre nous, nous crie dessus, les objets volent à travers la pièce », me raconte Dimitri*, un boursier du CERN.

Le CERN est un environnement exigeant, en particulier durant les périodes critiques telles que les arrêts techniques : tout le monde est sur le pont, la tension monte et les attentes sont grandes. De plus, les projets à long terme, de grande envergure, sont l’objet d’enjeux stratégiques et sources d’incertitude et de stress.

Les chefs de section, qui constituent dans la plupart des cas le premier niveau de supervision, sont un chaînon particulièrement crucial de l’Organisation.

« Felix* est chef de section depuis trois ans. Il supervise ses anciens collègues. Sa section compte 15 titulaires (LD et IC), deux boursiers et un étudiant technique. Felix est de plus en charge du suivi des travaux réalisés par une entreprise extérieure qui compte quatre techniciens. Felix s’efforce de gérer tout ce petit monde, tout en faisant face à des demandes de plus en plus exigeantes de la part des utilisateurs. Sa chef de groupe lui fait entièrement confiance, ce qui est valorisant, mais, certains jours, la charge qui pèse sur ses épaules est trop lourde. Cependant, comme il ne veut pas montrer de signes de faiblesse, il tient bon, contre vents et marées. Alors, le jour où Dimitri vient lui dire qu’il n’a encore rien pu faire pour la gestion des stocks, il explose. Après coup, il regrette, mais il n’a pas encore trouvé le temps d’en parler à Dimitri. »

Le problème est que, si on laisse faire, le stress devient transmissible. Alors, comment éviter d’être aspiré dans une spirale ?

Certes, il n’est pas souhaitable que je m’emporte contre mes collègues ou mon équipe. Cependant, si cela arrive, rien ne m’empêche, une fois l’orage passé, de reconnaître mon erreur ; cela ouvrira le dialogue et renforcera ma crédibilité.

En tant que membre de l’équipe, je peux, moi aussi, apporter ma contribution. Si je vois que mon superviseur est stressé, je peux essayer de prendre un peu de distance et éviter ainsi d’être aspiré moi-même dans la tourmente. Je peux également proposer mon aide à mon superviseur.

En tant qu’ombud, je reçois régulièrement des collègues qui témoignent de situation de stress et d’énervement. Rares, voire inexistants, sont les superviseurs qui viennent me trouver quand ils sont sujets au stress et qu’ils sentent qu’ils perdent le contrôle. À ceux-là je voudrais dire : l’erreur est humaine, on ne peut pas être en permanence au top ; personne n’est infaillible. Il y a des endroits, comme le bureau de l’ombud, où ces situations peuvent être discutées sans tabou et sans crainte que la situation ne se retourne contre vous. Cela ne sera pas un aveu de faiblesse, mais au contraire un signe de maturité.

Si vous êtes en situation de stress, parlez-en à une personne en qui vous avez confiance, c’est un premier pas vers la résolution.

* Nom d'emprunt

 

Si vous souhaitez réagir à mes articles, n’hésitez pas à m’envoyer un message à Ombuds@cern.ch. De même, si vous avez des suggestions de sujets que je pourrais traiter, n’hésitez pas non plus à m’en proposer.

Pierre Gildemyn