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Le coin de l'Ombuds : vous avez dit égalité des chances ?

Parfois, le sexisme se cache derrière les mots et les « compliments » que les femmes reçoivent de leurs collègues, superviseurs ou managers. On est souvent sur une pente glissante, où les règles du jeu dépendent de la culture des personnes en présence, dont les actions sont déterminées par leurs propres perceptions et réactions.

« Nous avons une équipe formidable ! Trois filles participent au projet »... Des filles ??? Qui appelez-vous des filles ? Vos collègues femmes ? 

« Au fait, Laure, comme je sais que ce sera difficile pour vous de vous rendre à cette conférence - avec vos enfants et tout le resteMarc a gentiment accepté de prendre votre place » ... Attendez une minute, qui a pris cette décision et pourquoi au juste ? Marc n'a t-il pas des enfants lui aussi ? Pourquoi est-ce un problème pour Laure et pas pour Marc ?

« Non, Marie, je n'ai pas oublié notre discussion - vous êtes bien entendu la personne la mieux placée pour diriger ce projet. Mais reparlons-en lorsque vous rentrerez de votre congé de maternité - la situation aura peut-être changé »... Autrement dit, vous doutez de mon engagement ?

Les exemples ci-dessus montrent que des remarques en apparence anodines peuvent en fait être perçues par nos collègues femmes comme sexistes et avoir pour effet de miner leur confiance et, finalement, de nuire à leur performance. Cela laisse supposer que, même si nous travaillons dans une organisation qui valorise la diversité et condamne clairement la discrimination fondée sur le sexe, le sexisme peut encore avoir la vie dure au quotidien.

Et il y a toutes ces situations, encore si fréquentes : par exemple, Alain qui se tient trop près de Brigitte ; Hervé qui fixe trop longtemps Julie, ou Jacques qui insiste pour que Michèle se joigne à lui pour un café, une bière ou un verre après le dîner de la conférence. Brigitte, Julie et Michèle ressentent toutes les trois le même sentiment de malaise, essayant de dédramatiser la situation et de prétendre que cela ne les dérange pas, conscientes qu'elles ne doivent pas apparaître trop agressives ou sans humour, en se demandant tout de même pourquoi un simple « non » ne suffirait pas.

Durant les six dernières années, environ le même nombre d'hommes et de femmes ont consulté l'ombud. Toutefois, lorsqu'on compare ces chiffres avec les populations correspondantes de titulaires, on voit qu'il y a trois à quatre fois plus de femmes que d'hommes qui font appel à l'ombud. Ce constat se retrouve dans les ateliers « La diversité en action », qui semblent attirer également un nombre proportionnellement plus élevé de femmes. Même si les problèmes soulevés par les femmes sont globalement les mêmes que ceux rencontrés par leurs collègues masculins, une analyse plus fine montre que beaucoup d'entre eux sont le reflet de stéréotypes et de présupposés inconscients.

Le fait que les femmes éprouvent le besoin de parler de ces aspects plus insidieux pose clairement la question de savoir si notre environnement de travail offre vraiment des conditions favorables égales à tous, aux hommes comme aux femmes. Pour le savoir, les femmes doivent pouvoir faire partager leur expérience à un public plus large, et les hommes sont vivement encouragés à participer à la discussion ! Unissons nos forces pour faire en sorte que le CERN offre véritablement les mêmes chances à tous et toutes !